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Le Docablock Blog!
31 janvier 2008

Ecouter, analyser, enrichir: la documentation comme création de valeur ajoutée.

 

p2p"Pour une documentation créative. L'apport de la philosophie de Raymond Ruyer", c'est le titre d'une monographie parue aux éditions de l'ADBS en 2006 (coll. Sciences et techniques de l'information), fruit de la réflexion de Sylvie Leclerc-Reynaud. Cet ouvrage a donné lieu à un compte-rendu de lecture de Claude Viry, professeur documentaliste en LP, dans la revue InterCDI datée  de nov/déc 2007. Où quand la philosophie parle à la science de l'information pour nous amener sur le terrain....

Documentation et information sont bien entendu liées; si l'information permet fonder et de justifier la documentation comme pratique, un des problèmes est que ce concept d'information ne reçoit pas de signification stable: il est au contraire polysémique. L'ingénieur des télécommunications Cl. Shannon a proposé à la fin des années 40 une définition de l'information basée sur un modèle mathématique: son schéma émetteur/canal/récepteur est célèbre. Mais ce modèle a rapidement suscité des critiques: et notamment, 3 ans après  la publication du livre de Shannon, celles de  Raymond Ruyer,  philosophe et universitaire français aujourd'hui  peu connu, mais à la réflexion riche et complexe.

Ruyer  réfuse  le schéma linéaire de Shannon, qui selon lui, ne prend pas en compte la signification inhérente au message (critique également de l'Ecole de Palo Alto, me semble-t-il). Ruyer  distingue donc nettement l'information physique ("structure") et l'information psychologique ("forme vraie") au motif que celle-ci  comporte une dimension de sens  inaliénable: de fait ce sont "les lecteurs qui donnent vie aux livres et documents", comme le dit Cl. Viry, en insufflant  de la signification  à des données, opérant un travail de transformation  qui en fera des sensations, des idées, des émotions...

On comprend bien que cette conception ne  met pas au centre  le traitement informatisé de l'information. C'est là où est l'apport de Ruyer aux pratiques de la documentation. "L'accueil de l'usager et l'instauration d'un climat de confiance" est donc primordial dans le travail du documentaliste, comme le rappelle Cl. Viry. Mais  surtout  la grande mission du professionnel de la documentation consistera dans la compréhension et l'aide à l'identification du besoin d'information de l'usager.  Il s'agit donc d'un métier de "patience", une tentative de "débusquer les vraies questions derrière les apparences".

Sylvie Leclerc-Reynaud imagine des personnages pour symboliser et concrétiser son argumentation:


2 usagers: il y a "Pierre le précis" qui a une idée claire de ce qu'il cherche et de comment le chercher. Il aura tendance à considérer les documentalistes comme des "super-techniciens" de la gestion  documentaire. Mais il n'est pas le seul: il existe aussi "Jacques le créatif", aux besoins plus flous: "les contraintes du sytème documentaire bloquent ses initiatives"; son dialogue avec le ou les documentalistes, les conseils prodigués,  lui permettront de faire émerger des pistes de recherche.

2 documentalistes: "Elmer" le technicien, adepte d'une efficacité fondée sur l'outil informatique; et "Elliott" qui utilise l'empathie dans son travail quotidien. Elliott permet de faire fructifier les idées et le besoin de départ de l'usager, de faire émerger une originalité, une plus-value à partir de la situation initiale et d'en faire sortir des solutions riches et fertiles: en cela "c'est cette dernière attitude des documentalistes que S. Leclerc-Reynaud propose de baptiser 'documentation créative'", conclut Cl. Viry.

Cl. Viry insiste sur le cas du CDI: que se passe-t-il d'autre dans un dispositif interdisciplinaire (IDD, TPE, PPCP...), quand l'élève n'a qu'une très vague idée  de ce qu'il lui faut chercher et comment? "Ces travaux requièrent, de la part des élèves, un effort d'imagination" que les enseignants doivent accompagner  et stimuler.

La valeur de la documentation, et la plus-value qu'elle apporte à l'information à l'ère des  Réseaux et de  l'information en libre accès, reste donc "cette part de conseil, d'imagination et de création", finit Cl. Viry. Une manière, comme l'a fait MF Blanquet également, d'insister sur le rôle du professionnel de l'information dans la société de la connaissance, et un angle de réflexion original et stimulant pour la profession d'enseignant documentaliste.   

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